Le Zombie au Vélo, qui mixe film social et film de zombie, fausse comédie burlesque mais vrai hommage aux DARDENNE, est le premier court-métrage de Christophe BOURDON. Cinergie lui consacre un très bel article ce mois-ci. Morceaux choisis.
L’inspiration de Mel Brooks
Au fait, les Frères DARDENNE, premiers intéressés finalement, sont-ils au courant de l’existence du film? « Bien sûr », répond le producteur. « Nous leur avons envoyé le scénario. On n’a pas encore eu de retour. Bon, une parodie, on aime ou pas. Mais nous les considérons en tout cas comme deux immenses cinéastes, qui ont su créer une esthétique inédite dans tout le cinéma. On aime leurs films, mais cela n’empêche pas d’en rigoler, dans cet esprit belge où on aime rigoler de soi. Nous n’avons pas d’autre prétention que leur rendre hommage, jusqu’à reprendre la caméra à l’épaule. Il n’y a absolument rien de négatif.» Belle illustration le jour de notre visite, puisque Frédéric BODSON, qui campait le chef du personnel dans Rosetta, se retrouve quinze ans plus tard à jouer une scène similaire, le Zombie ayant bien sûr pris la place d’Émilie DEQUENNE. « Les deux palmes, complète le réalisateur, ils ne les ont pas obtenues par hasard. Leur talent est indéniable. Moi, je n’en ai sûrement pas autant, mais je leur rends un hommage amusé, un peu comme l’aurait fait Mel BROOKS à son époque, avec des parodies comme Frankenstein Junior ou Robin des Bois… Toutes proportions gardées, bien sûr. Mais j’espère qu’ils vont le voir car je serais curieux d’avoir leur avis !»
Un film humain avant tout
Mais Le Zombie au vélo, ne peut se résumer à un film simplement, ou à une comédie. Comme le réalisateur l’indiquait dans sa note d’intention, « Il y a un discours social et politique sur l’état de la Wallonie et de ses chômeurs. Je suis moi-même passé [comme scénariste] par la case chômage pendant plusieurs années, je sais combien il peut être humiliant et démoralisant de se rendre au Forem. Derrière l’humour et l’absurdité de ce personnage qui évolue dans un film social, je voulais donc montrer à quel point un chômeur peut être rejeté par la société, en errant au milieu du reste de la population en se demandant comment trouver sa place. Comme un zombie, un mort-vivant.» Voilà qui explique la teneur un peu humaine du Zombie, qu’il a volontairement souhaité ne pas rendre trop effrayant à l’écran, d’autant que la quête du personnage est davantage de dénicher un job que de dévorer des humains. Dans ce sens, il a été indiqué à la brillante équipe de maquilleurs de Lionel à de songer à imaginer comme modèle Bill MURRAY dans Zombieland pour le maquillage d’Olivier BONJOUR.
Prêt pour janvier 2015
Quelques relents clairement autobiographiques donc, pour Christophe BOURDON, une personnalité atypique, attachante drôle et dotée surtout d’une intelligence vive. Le néo-réalisateur, qui a repris le chemin de la RTBF en cette rentrée (On n’est pas des Pigeons et Ciné Station en télé, Les Enfants de cœur en radio), risque bien de refaire vite parler de lui au cinéma, dans un format probablement plus long. Et non, « Pas pour réaliser L’Enfant du Zombie ou La Promesse du Zombie », dit-il en souriant. « Je suis du genre à accomplir les choses à l’instinct, mais il m’arrive de savoir dire non quand il le faut. En attendant, Le Zombie au vélo sera fin prêt pour le mois de janvier ». Histoire de boucler cette fantastique boucle, la logique voudrait qu’on retrouve le film au BIFFF en 2015. Mais vu les thématiques abordées, le film pourrait tout à fait envisager une carrière dans d’autres festivals. « Et peut-être en télé, même si les horaires du court métrage restent encore ingrats. On espère en tout cas faire le meilleur film possible. Quoiqu’il advienne, il est fait et m’a curieusement permis de constater que la réalité pouvait parfois être plus belle que les rêves ».
Source : David HAINAUT / Cinergie. Retrouvez l’article complet consacré au tournage sur Cinergie.