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Juil

Rencontre avec Bernard Declercq sur le plateau de Méprises par Cinergie

Rencontre avec Bernard Declercq sur le tournage de Méprises

Après avoir fait ses armes dans l’écriture, Bernard Declercq s’est lancé dans la réalisation. Scénariste d’un documentaire, de 2 courts métrages et de 3 longs métrages, il réalise ensuite 2 courts métrages Big Samuel et L’Hôtel des Thermes et, en 2007, il tourne son premier long Control X avec Thomas François. Il s’attaque aujourd’hui à l’adaptation du roman d’Alain Monnier, Côté Jardin, qu’il intitule Méprises.

Dans son deuxième long, Bernard Declercq raconte la rencontre entre Françoise, femme mariée interprétée par Moana Ferré, et Jacques, Fabrizio Rongione, convaincu qu’elle quittera son mari pour lui. Mais les choses ne sont pas si simples …

Cinergie : Comment se structure ce film ?
Bernard Declercq : Le film est construit sur trois points de vue. C’est comme un grand puzzle et chaque point de vue amène une nouvelle information à l’histoire. Des séquences, filmées autrement reviennent, apportent une information supplémentaire et perdent un peu les spectateurs, d’où le titre Méprises. J’ai vraiment construit le scénario de manière à perdre le spectateur, pour qu’il croit, de prime abord, que la relation avec certains personnages est simple, mais viennent s’ajouter d’autres points de vue qui complexifient la relation. Je veux que le spectateur comprenne qu’une relation n’inclut pas toujours qu’une victime et un manipulateur, l’un peut jouer les deux rôles. L’histoire est construite comme un thriller et chaque fois, je joue sur ces deux facettes.

C. : Quelle est la séquence que l’on vient de voir se tourner ?
B.D. : C’est une séquence qui apparaît au tout début du film. Le personnage de Fabrizio Rongione annonce à son demi-frère (Benjamin Ramon) qu’il a une tumeur et qu’il doit se faire opérer alors que six mois plus tôt, il a rencontré Françoise, cette femme mariée à qui il n’a pas envie de dévoiler sa situation.

C. : Pourquoi se lancer dans la réalisation après une grande expérience dans l’écriture ?
B.D. : Après Control X que j’ai coréalisé avec Thomas François, j’ai d’abord écrit un scénario original qui s’appelait Violences d’été qui est passé quatre fois à la Commission, qui a été reporté, annulé, qui n’a pas abouti. Je n’attendais que ça : revenir seul à la réalisation avec mon univers et mes envies personnelles. Je suis heureux d’y être parvenu, ce sera très différent de Control X.

C. : Dans quel sens ?
B.D. : Il y a une vraie esthétique dans le film. Les œuvres d’art contemporain sont assez épurées comme le décor du film, il y a une lumière blanche récurrente, des mouvements de caméra sur ces œuvres d’art qui reviennent. Pour toutes les scènes intérieures, il y a une vraie volonté esthétique du film.

C. : Quelles sont les indications que vous avez données au chef op’ ?
B.D. : J’avais déjà en tête les décors, liés à l’art contemporain, et je voulais garder cette esthétique comme fil conducteur du film par rapport aux émotions et aux choix. Je ne voulais pas tout dévoiler dès les premières images du film donc, au début, le spectateur croit qu’il est dans un endroit et il est en fait dans un autre endroit. J’ai vraiment voulu découper pour laisser planer le doute, être dans la méprise tout en gardant une logique.

C. : Quels sont les enseignements que vous avez pu tirer de Control X ?
B.D. : Control X a été fait en 17-18 jours, avec très peu de plans, peu de découpages, le montage a été une punition. Ici, on a beaucoup plus découpé. Avec le chef op’, on a préparé le découpage un mois en amont du tournage. Ce que je voulais, c’était avoir de la matière au montage et avec 27 jours de tournage, c’était plus évident. De plus, je jouais avec des ados non professionnels dans Control X alors qu’ici, je suis avec des comédiens professionnels. Je peux être beaucoup plus exigeant au niveau du jeu, je peux aller plus loin qu’avec ces ados.

C. : La séquence que vous venez de tourner, c’est la même mais sur trois plans différents, pourquoi ?
B.D. : Comme c’est construit comme un puzzle avec des séquences qui reviennent, je ne voulais pas que ça aille trop vite. Ici, comme on est au début du film, je voulais un moment de respiration. J’ai opté pour un plan large, puis pour un plan plus resserré sur les deux personnages puisque c’est quand même un aveu important que Fabrizio fait à son frère.

C. : Comment avez-vous choisi votre casting ?
B.D. : Pascal Greggory, je l’avais vu dans Gabrielle de Patrice Chéreau et dans Pardonnez-moi de Maïween. Il était parfait pour le personnage avec son côté intrigant, profond et tendre. Pour l’amant, j’ai choisi Fabrizio Rongione pour son côté enfantin, séducteur. Benjamin Ramone, je trouve qu’il n’est pas du tout exploité au cinéma belge. Il dégage une super émotion, il a une présence très physique à l’écran que j’aime beaucoup, Moana Ferré est plutôt une comédienne de théâtre à Paris que j’ai rencontrée dans un casting, qui a cette beauté un peu bourgeoise et distante qui me plaît pour le personnage. Elle est très vite juste et sa fraîcheur amène quelque chose à ce trio, à cette histoire. Nicolas Vaude a un rôle plus petit mais un peu décalé, on ne sait pas trop s’il est fou ou réaliste.

Rencontre avec Moana Ferré

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Cinergie : Parlez-nous du personnage de Françoise.
Moana Ferré : C’est une femme très complexe, très intéressante à jouer car elle a un passé assez difficile. Du coup, elle ne supporte pas le vide, elle a besoin de sécurité. Et, en même temps, c’est une femme qui a besoin de respirer, qui a besoin d’amour et elle va en trouver.

C. : Comment s’est passée votre rencontre avec Bernard ?
M.F. : Nicolas Vaude a parlé de moi et il vient aussi du théâtre, comme moi. Bernard m’a envoyé le scénario et ce film m’est apparu comme une évidence. C’est une belle rencontre pour moi qui suis assez loin du cinéma et plus proche du théâtre.

C. : Comment avez-vous créé le personnage de Françoise ?
M.F. : J’ai eu besoin de mettre les scènes bout-à-bout car il y a beaucoup de flash-back dans le film et je voualais comprendre le déroulement chronologique de l’histoire. Les acteurs doivent s’adapter, contrairement au théâtre, car Bernard nous a parfois fait changer complètement des scènes en dernière minute. Là, je dois m’adapter. Parfois, je ne suis pas d’accord avec le nouveau ton du personnage mais Bernard a toujours su me convaincre.

C. : Comment s’est passée la préparation avant le tournage ?
M.F.: On a lu très tard le texte tous ensemble. Certains apprennent leur texte à la fin, moi je travaille le texte avant comme au théâtre. On travaille avec nos partenaires et on s’adapte le cas échéant. Bernard est très sensible à la musique donc on a dû lire le texte et il nous donnait ses indications.

Rencontre avec Benjamin Ramon

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C. : Comment es-tu entré dans le projet?
Benjamin Ramon : Nicolas Georges, que je connaissais déjà, a parlé à Bernard de moi pour jouer le meilleur ami de 40 ans, Philippe, qui est devenu Julien au cours des lectures. Au départ, Bernard trouvait que j’étais trop jeune, mais il a finalement fait de moi le demi-frère du personnage principal.

C. : Comment as-tu fait pour convaincre Bernard ?
B.R. : Je suis arrivé à la lecture après avoir été à la salle de sport, je portais des vêtements de sport, j’avais les cheveux gras, j’avais une énergie un peu survoltée qu’il a appréciée.

C. : Cela colle avec le personnage du film ?
B.R. : Oui, mais c’est bel et bien un personnage. Julien est le demi-frère de Jacques qui lui apprend au début du film qu’il a un cancer. Donc, Julien doit tenter de le soutenir. Les deux frères sont différents, mais il y a une vraie complicité. Il y a de très beaux moments notamment celui où je l’amène à l’hôpital.

C. : Comment s’est passé le travail en amont ?
B.R. : Bernard m’a juste dit que Julien était un personnage sauvage. Il m’a montré les photos, les décors car l’esthétique est très importante pour lui. Les photos me permettaient d’envisager les ambiances, les couleurs, les costumes. Le mot sauvage m’a aidé, je me suis construit un monde autour de ce mot. Je me suis dit que j’étais un peu solaire et que quand mon frère m’annonce qu’il est malade, je suis touché mais je ne le montre pas.

C. : Bernard dit que tu n’es pas assez exploité dans le cinéma belge car tu es trop beau ?
B.R. : Oui, il a dit ça et cela fait quelques fois que je passe des castings et mon agent m’appelle pour me dire que le réalisateur ou le directeur de casting a vraiment beaucoup apprécié mes essais, mais je apparemment un peu trop sexy. Cela ne colle peut-être pas avec certains types de cinéma.

C. : Le cinéma belge serait plus brut, moins glamour ?
B.R. : On m’a souvent dit que j’étais trop lisse. J’ai un visage plutôt doux, gentil. Et ce n’est pas évident de trouver des rôles.

C. : Cela ne te donne pas envie de te créer tes propres occasions ?
B.R.: Je suis en train d’écrire un court-métrage que je ne veux pas réaliser. Ce sera Edith Depaule avec qui j’ai déjà réalisé un court-métrage. J’avais une idée, je lui en ai parlé, c’est une comédie musicale qui va se faire sur deux actes, deux chansons, j’ai écrit le rôle masculin pour moi car j’ai fait de la danse et j’aime ça. Je ne me sens pas capable de réaliser donc je lui ai proposé le projet qui lui a plu.

Rencontre avec Fabrizio Rongione

Cinergie : Je sais que tu ne peux rien dévoiler de l’histoire mais pourrais-tu dire deux mots sur ton personnage?
Fabrizio Rongione : Ce film est un thriller psychologique, c’est pour cela qu’on ne peut pas trop dévoiler l’histoire, pour garder le suspens. Le personnage de Jacques, c’est un homme qui aime la culture et qui va rencontrer une femme et une histoire d’amour va débuter. Mais il apprend qu’il a un cancer, ce qui va bouleverser sa relation avec elle. Sa maladie fait qu’il appréhende la vie différemment. Tout se transforme, ses valeurs, ses nécessités, ses priorités. Quand il apprend qu’il est malade, Jacques préfère prendre ses distances avec la femme qu’il aime.
Bernard m’avait fait lire le scénario il y a 5 ans déjà, le temps de trouver à financer le film. J’avais accepté d’y jouer parce que le personnage qu’il me proposait est complexe mais surtout parce que l’histoire du film est intéressante. Quand j’accepte de jouer dans un film c’est parce que le scénario me séduit.

C. : Est-ce que Bernard t’a demandé de voir un film pour préparer ton personnage?
F. R. : Non, mais quand j’ai lu le scénario, cela m’a tout de suite fait penser à Hitchcock. La référence était évidente.

Fabrizio est appelé sur le set et les répétitions ont mis fin à notre entretien !
Rendez-vous est pris à la sortie du film.

Dimitra Bouras

Source : Cinergie. Retrouvez l’article complet et la vidéo sur Cinergie

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